Le
moulin du Boël, plus de trois siècles d’histoire…
![]() |
Tableau d'après Dudoret, 1935 |
La
Communauté de Rennes était alors concessionnaire de la navigation sur la
Vilaine. Elle pouvait permettre à un seigneur une telle construction sur ses propriétés, et
une telle utilisation de la rivière. Cela équivalait à lui accorder une source de
revenus importante.
Le
moulin et la « pescherie » étaient loués à un meunier pour une
durée de six ans. Le bail commençait le 29 septembre, jour de la Saint Michel.
Le meunier était tenu de fournir en poissons la table du seigneur, dont
« un millier d’anguilles fraîches chaque année… ».
Tous
les sujets de la Seigneurie avaient l’obligation de venir faire moudre leurs
grains au Boël. Le moulin avait deux roues à aube (une sur chaque face) et
servait principalement à moudre le forment et le seigle. En échange de cette
utilisation forcée, ils devaient pourtant s’acquitter d’un impôt, appelé
« les banalités »*.
Guillaume
de Marboeuf, fils de Claude, succède à son père en 1678. Puis, à son décès en
1712, c’est à son premier fils que va revenir le moulin. Celui-ci le louera
pour un bail de 6 ans en 1729, au meunier Pierre Greffier. En échange de
l’entretien du moulin celui-ci bénéficiera des revenus générés par la pêcherie
attenante et, bien sûr, du droit de mouture.
Quand
le dernier fils Marboeuf décéda sans héritier direct, le moulin revint à un cousin
qui, malheureusement, ne s’intéressera pas à la Seigneurie de Laillié et
l’abandonnera.
De
1756 à 1789 le moulin et la pêcherie seront à nouveau loués à des meuniers
successifs qui devront s’acquitter des nombreuses servitudes y afférant,
notamment fournir une grande quantité de poissons au Seigneur, alors
qu’eux-mêmes ne pourront en profiter.
Charles de la Bouronnaye, Marquis de Montluc, sera en 1790 le dernier Seigneur de Laillé. En effet, c’est la Révolution, et ses biens, confisqués, seront revendus les 8 et 12 Thermidor de l’an IV.
Mais,
exception fut faite pour le moulin du Boël parce qu’il était affermé par bail.
Il fut donc mis sous séquestre et administré par l’État à son profit, pendant
toute cette période.
En
1801, suite à l’amnistie accordée aux émigrés par Napoléon Bonaparte, et donc
au retour des biens confisqués sous la Révolution à leurs propriétaires, le
moulin fut rendu à la famille Bourdonnaye qui en conserva la propriété jusqu’en
1886.
À
cette date, Emile Recipion, député d’Iles et Vilaine, racheta alors le moulin
au dernier descendant Bourdonnaye, qui se trouvait ruiné.
On
continua à venir faire moudre au Boël jusqu’à la guerre de 1914 ; puis le
moulin tourna encore irrégulièrement jusqu’en 1936. C’est à cette époque que la
grande roue à aube fut démontée, avant d’être embarquée à bord d’une péniche à destination d'un moulin de Cesson.
Désormais
inutilisé, le moulin sombra dans l’abandon. Durant l’hiver 1962, une violente
tempête arrachait les derniers vestiges de la toiture.
En
1964, devant les dangers présentés par ces murs croulants, les services des
Ponts et Chaussées en décidaient l’arasement complet… Et ce malgré le
classement du moulin à l’Inventaire des Monuments historiques.
C’est
alors que fut créée l’Association des Amis du Boël et que, sous l’impulsion
d’un jeune Bruzois passionné de patrimoine, le moulin connut une seconde vie…
Pour
connaitre l’histoire de la restauration du Moulin du Boël, rendez-vous sur la
page Restauration.
-------------------------
* Les banalités étaient des installations techniques mises à disposition des habitants d’une seigneurie, et dont le seigneur devait assurer l’entretien. Il y avait, par exemple, un four banal, un moulin banal un pressoir banal, sur chaque seigneurie.
En
échange de cette mise à disposition, les habitants des terres du seigneur ne
pouvaient utiliser que ces installations et elles étaient bien sûr payantes…
sous forme d’impôts appelés « les banalités ».
Le
seigneur s’assurant ainsi un monopole technologique.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire